Ecole de musique
"Musiques en Je"
Montpellier
LA DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE
Richard Altier
En me penchant sur mon parcours de musicien et d’enseignant, j’ai observé que mon choix pédagogique s’était dessiné au cours des années. Deux grands axes me servent de fils rouges : le jeu en groupe et l’assimilation par le chant.
Le jeu en groupe est l’un des fondements de la pérennisation du musicien qui est en nous. L’isolement du musicien finit toujours ou presque par l’arrêt de la pratique musicale, alors que le jeu en groupe provoque l’émulation, le plaisir de se retrouver. Le chant, la danse sont les piliers du partage musical. C’est ce procédé qui date de la nuit des temps sur lequel je m’appuie pour essayer de retrouver la spontanéité musicale. Cette manière de vivre la musique est beaucoup plus présente dans d’autres cultures que j’envie aux africains, cubains...
Le langage musical s’apprend comme une langue. Un enfant n’apprend pas la grammaire avant de commencer à parler ! Il procède par imitation en communiquant au sein de sa famille, avec ses amis etc. Ensuite une codification commune lui est proposée « l’écriture ». En musique, c’est un peu pareil, il faut d’abord se pénétrer d’une mélodie avant de pouvoir la restituer. Un bon moyen de vérification à la portée de tous passe par le chant. Il ne s’agit pas d’être « chanteur » car cela nécessite un travail spécifique et à part entière, mais de se servir de la voix comme outil d’assimilation et de contrôle de ce que nous connaissons et de ce dont nous voulons nous enrichir.
Le travail d’enseignant et de musicien est un délicat jeu d’aller-retour entre ce que nous connaissons « la musique qui est en nous » et « la musique que nous voulons intégrer ». L’instrument est le médiateur de ce va et vient.
Une ligne de conduite majeure pourrait être « Joue tout ce que tu chantes, chante tout ce que tu joues».
Voici les grands axes de travail et l’esprit dans lequel les cours sont proposés. Comme pour préparer une recette de cuisine, il faut des ingrédients, ceux-ci sont à faire mijoter.
L’instrument
« L’outil du musicien », notre compagnon de route.
C’est là une précision d’horlogerie qui est mise en œuvre, une mécanique de précision qui est demandée à notre corps et que nous allons chaque jour remettre au travail. Un instrument de musique, c’est un animal sauvage dont on veut être le compagnon. Il ne se dresse pas ! Il est félin, nous attend sagement sans faire de bruit, il se laisse, appuyer, caresser, tordre, taper, tirer, baver dessus sans rechigner. Il se laisse faire quand toutes ces actions sont nécessaires à la « création musicale ». Là sera sa récompense ! Mais attention, car si nous voulons le dresser, le dompter rapidement sans prendre garde, l’instrument restera impassible et ce n’est qu’une musique médiocre qu’il voudra bien vous restituer. Il a le pouvoir de se fâcher au point de nous faire mal (tendinite, scolioses etc.). Nous pouvons devenir de bons amis, mais pour cela, il va falloir être patient. Apprendre à découvrir le son de cet instrument qui nous fait vibrer. Apprendre à positionner nos mains, notre corps afin qu’il épouse au mieux la forme de celui-ci. Respecter notre corps tout en l’initiant aux exigences, à la précision que demande la pratique d’un instrument afin qu’il délivre la musique qui est en lui et en nous.
- Travail de morceaux
- Accord et gammes
L’oreille
C’est la capacité d’entendre les sons. Certains d’entre nous ont une grande acuité de perception auditive mais ne sont pas musicien. Cette finesse de perception le musicien l’affine au fil du temps. Ce qui le différencie du non musicien, c’est qu’il a appris à décoder ce qu’il entend pour lui donner du sens. Notre rôle de musicien est d’être à l’écoute de cette sensibilité auditive que nous développons depuis notre plus tendre enfance (déjà dans le ventre maternel !). Je vous propose des exercices afin de développer votre oreille mélodique, rythmique et harmonique. A l’aide de votre oreille, de votre voix et d’un instrument. Les exercices sont progressifs.
Exemple d’exercices :
- Echelle de la gamme majeure.
- Chanter les accords
- Mélodie par cœur
Le rythme
La perception du temps qui s’écoule, du tempo que l’on partage. Le rythme est une chanson, une chanson que l’on vit dans le corps. Le rythme est présent dans notre corps. La respiration, les battements du cœur ; apprenons à le respecter et l’écouter. Nous avons tous un tempo intérieur (pulsation à laquelle nous nous sentons le plus à l’aise). A partir d’un tempo, nous travaillons le rythme, le partage de celui-ci « je donne un tempo et l’on joue ensemble », « je reçois un tempo et je me greffe sur celui-ci ». Le rythme se vit, se ressent avant d’être intellectualisé. L’imitation et la répétition « vivante » en boucle seront les supports de l’apprentissage des figures rythmes.
Exemple d’exercices :
- Travail d’une rythmique
- Répétition en boucle des parties difficiles
La partition
« L’esprit avant la lettre, le cœur avant l’intellect » (Maurice Martenot)
Le solfège ainsi que l’harmonie sont un langage commun aux musiciens. Il nous permet de mémoriser et de transmettre une œuvre musicale. Ce que nous savons lire nous permet de restituer avec plus ou moins de précision la musique, la mélodie, le rythme, les accords que nous voulons entendre mais que nous n’avons pas forcément retenus. Une condition nécessaire à un bon déchiffrage, c’est l’extrême exactitude que nous devons avoir conscientisé entre le dessin de la partition et sa réalité sonore et vice versa. Dans un premier temps la méthode d’apprentissage se fait par imitation. C’est une solution efficace pour l’acquisition des formes mélodiques et rythmiques. D’abord « je sais faire la mélodie, le rythme », ensuite je regarde de quelle manière c’est codifié (note et rythme). Quand nous avons acquis les bases nécessaires à la lecture « solfégique » par le procédé d’imitation nous pouvons restituer convenablement une partition. Il est nécessaire d’avoir une représentation mentale des plus précises pour y associer le codage de l’écriture musicale. Le solfège nous permet d’une part le décryptage, la lecture d’une partition existante, d’autre part la possibilité d’écrire une mélodie qui nous plait ou que nous avons inventée.
- Déchiffrage
- écriture
L’improvisation
Plusieurs notions sont nécessaires à l’élaboration d’une improvisation. Çà ne tombe pas tout cuit du ciel. L’improvisation n’est pas l’inspiration, çà se travaille ! Il est nécessaire de développer son oreille, reconnaissance de gamme, accord. Il est indispensable de développer son sens de la mesure si nous souhaitons jouer sur une grille d’accords afin de jouer les gammes et les accords « au bon moment ». Je vous proposerai des exercices et des morceaux adaptés, progressifs dans le but d’improviser.
Il est indispensable d’improviser dès que l’on commence la musique. C’est « notre musique » qui est en jeu.
Les différentes approches de l’improvisation abordées.
- Une improvisation libre en jouant sur le son et l’espace, pour çà, aucune technique instrumentale n’est nécessaire. Cela fait appel à notre sens de l’écoute, à notre prise d’initiative à participer à un son individuel ou collectif.
- L’improvisation sans tenir compte de la mesure, c’est une improvisation essentiellement mélodique et rythmique. Principalement basée sur l’invention de mélodies à partir de gammes, modes, accords joués avec ou sans tempo.
- L’improvisation modale elle, se construit à partir d’un mode d’une gamme. Ce type d’improvisation se trouve dans la musique indienne, africaine, klezmer, arabe etc.
- L’improvisation tonale utilise les gammes, les accords et souvent se doit d’être jouée dans une métrique particulière afin de prendre en compte les accords qui « défilent ». Notre attention se porte sur le « sens de la mesure » et la connaissance des accords et gammes.
Jouer en groupe
La musique jouée à plusieurs nous permet de construire notre écoute, notre sensibilité. Ensemble, nous partageons un tempo, nousconstituons un son par la sonorité entremêlée de nos instruments. Une interprétation personnelle se dessinera de cette rencontre éphémère. Le travail en groupe nous permet d’aborder l’instrument, l’oreille, le rythme, l’improvisation dans un cadre ludique. Il nous permet d’être au cœur de la musique, de nous rendre compte de nos acquis, des lacunes dans un esprit de partage. D’un côté, nous allons pouvoir nous appuyer sur un collègue musicien plus expérimenté et cela nous est bien utile ! Ou inversement, nous pouvons être leader, moteur afin que la musique du groupe prenne toute sa dimension.
Bonne musique et que les notes coulent à flots !